Je regardais par la fenêtre, c'était devenu une habitude chez moi; observer le monde et l'envier, voir les gens heureux et les envier, voir la vie réussir aux autres et les envier.
Il paraît que c'est mauvais pour la santé et que ça ne sert à rien, que c'est juste une occupation auto-destructive, mais j'ai toujours aimé faire cela.
Le plus étonnant pour moi reste le fait de surprendre leur regards, eux aussi envieux, se poser sur le manoir. Comme quoi tout le monde court à sa propre perte.
L'envie... un sentiment cousin de la jalousie. Et la jalousie était quelque chose qui me rongeait depuis quelques temps maintenant. Jalouse d'une jeune femme qui ne connaissait même pas la raison de cette colère, jalouse d'une personne qui pouvait avoir quelque chose qui ne m'étais pas destiné, jalouse d'elle. Kerenza.
Je la détestait d'avoir capturer avec tant de faciliter le cœur de celui qui m'avait aimé pendant des années, que j'avais aussi aimé d'une manière étrange, nos deux êtres avait toujours été réunit en une entente fusionnel et il avait suffit d'un regard pour qu'elle ballait tout sur son passage.
Ce n'était pas tant le fait de savoir qu'il pourrait devenir son amant qui me dérangeait, c'était plutôt parce que je savais qu'elle m'avait remplacée,
d'une façon bien plus dévastatrice.
Cette fille qui ne connaissait pas sa chance avait réussit à conquérir le meilleur ami que j'avais jamais eu. Celui qui m'avait toujours regardé d'une
façon bien différente que celle dont-il percevait toute autre fille; aujourd'hui c'était elle qu'il regardait avec ce désire brulant et insoutenable.
Je la détestait pour ce vole involontaire.
Parfois je me réveillait avec l'estomac noué, la tête bourdonnant d'un désire vengeur et injuste, un désire que je n'avais que rarement ressentit; la
première fois pour une telle raison.
J'aurais voulu demander à mon père de détruire cette fille, la réduire en cendre, la faire disparaître... Il l'avait fait pour tant d'autres personnes,
pourquoi pas elle? Et bien la réponse était simple, en plus du dégout que j'aurais ressenti en voyant mon reflet dans un miroir, je
n'aurais jamais supporter de le voir pleurer.
Il était trop important pour que je fasse passer un désire égoïste avant son bonheur, un bonheur que j'avais refusé de lui offrir et que je me savais incapable de lui donner un jour.
Moi j'avais Moe, je savais que je l'avais profondément blessé en décidant de sortir avec lui, mais comme Kerenza pour lui, Moe était capable de m'offrir ce que jamais Layne n'aurait pu me faire gouter. Notre amitié était devenu presque fraternel.
Moe, lui, je l'aimais. Avec timidité certes, mais d'un amour sincère qui réussissait souvent à me satisfaire. Un sentiment qui m'avait transformer et qui se basait sur une confiance et un sentiment de sureté étonnants.
Je savais à quel point il avait été jaloux, mais je n'avais rien pu faire. Seulement le luxe de s'éloigner et de m'en vouloir. De rager de me voir avec un autre.
Pourtant aujourd'hui c'était moi la plus blessée des deux, parce que ce sentiment nouveau qu'il ressentait avait remplacé tout ce qu'on avait vécut ensemble. Alors que Moe avait réussit à se battire une place à lui dans mon cœur, Kerenza m'avait volé la mienne dans le cœur de Layne.
Même les bras protecteur de mon petit ami n'arrivait à me consoler, c'était un vide nouveau que je ressentais, moi qui avait toujours eu trop peu de gens sur qui compter.
Peut-être exagérais-je les choses, je me montrais trop possessive j'en avait conscience, mais lui me narguait continuellement. Même s'il n'avait pas voulu me blesser, il me faisait souffrir d'une façon cruel.
Je descendais finalement du toit, me laissant glisser jusqu'au balcon un mètre plus bas; mes pieds nus se posèrent sur le celui-ci avec assurance. Je connaissait ce petit passage par cœur, c'était l'endroit ou je me réfugiait pour réfléchir. Un des seuls endroits ou je pleurais sans m'inquiéter d'être vue; pour la bonne raison que j'étais invisible pour les yeux des autres.
Dans ma chambre je vis Agyness qui m'observait, elle me regardait avec inquiétude et je lui faisait un signe de la tête. Je n'avais pas envie qu'elle me console.
Même si elle était une de mes plus précieuses amies, elle aurait été incapable de me comprendre; de plus je savais qu'elle trempait dans les histoires de mon père et je ne voulais pas risquer d'accomplir ma vengeance en lui disant ce qui me pesait.
Elle hésita pendant une fraction de seconde puis ouvrit la porte et retourna dans sa chambre, juste en face de la mienne, je savais que le choix de son
emplacement était purement défensif. Mon père ne voulait courir
aucun risque, quitte à exagéré sur ma protection.
Je refermais la porte qu'elle avait intentionnellement laissée ouverte, la fermant à clef pour ne plus être dérangée. Observant mon reflet dans le miroir je me rendit compte qu'il trahissait ma tristesse, je fis de mon mieux pour la ravaler et paraître totalement inexpressive.
Lorsque le résultat fut assez convainquant j'enfilais des chaussures et retournait sur le balcon. De celui-ci je pouvais atteindre une branche d'un grand arbre et rejoindre la terre ferme sans être vue.
Je ferais prévenir mon père une fois que je serais sur de ne pas être dérangée dans ma ballade en solitaire.
D'un pas rapide je pris la direction de la place du marché, sachant que la foule me ferait disparaître aussi longtemps que je le souhaiterais.
Le bruit autour de moi était chaotique, mais pour une fois je l'appréciais; je m'approchais d'un spectacle donné au milieu de la rue et observait le numéro avec attention.
Un excellant gymnaste réussit à m'arracher un sourire après plusieurs minutes. Exactement au moment ou mon regard croisait celui de Layne.
Layne: Comment va ma deuxième préférée ?
Mazarine: Et mon deuxième préféré? rétorquais-je en essayant de masquer ma colère.
Layne: Ça fait longtemps que t’es pas venue dîner chez moi. Tu vois Moe ce soir ou bien je peux t’inviter chez moi ?
Je me radoucissais à ces paroles, lui souriant d'un de ces rares sourires qui me faisait ressembler parfaitement à ma mère. Mon visage
s'illuminant sans que je me force à le faire.
Mazarine: Non j'étais chez lui hier. Donc je t'autorise a m'inviter.
J'attrapais son bras, me serrant contre lui en appréciant la chaleur qu'il dégageait, la journée était particulièrement fraiche.
Mazarine: Et toi tu n'avais rien prévu? On est dimanche après tout.